Permis de conduire : une vérification médicale tous les quinze ans pour en maintenir la validité ?

Plus de 20 000 décès ont été observés sur les routes de l'Union Européenne en 2022, et un bilan de 160 000 blessés.

Un projet de loi européen vise à réduire le nombre de victimes sur les routes #

Face à ces chiffres alarmants, Karima Delli, présidente du Comité des transports de l’UE, a présenté en septembre 2023 un projet de loi visant à mettre en place un examen médical tous les quinze ans pour le renouvellement des permis de conduire catégories A et B. L’objectif : diminuer de moitié le nombre de victimes d’ici 2030, et tendre progressivement vers un objectif de zéro mort sur les routes d’ici 2050.

Si cette proposition était adoptée, les États membres auraient un peu plus de deux ans pour la mettre en œuvre.

Vérifier les aptitudes physiques et sensorielles des conducteurs pour le permis #

Cet examen médical devrait prouver la capacité du conducteur à prendre le contrôle du véhicule au moyen de tests de vision ou d’audition. Il s’agit également de garantir la bonne condition physique et psychique du conducteur, selon Karima Delli. Le principe de ne pas avoir un permis obtenu à un moment donné sans vérifications intermédiaires et sans assurer un suivi médical apparait comme une piste intéressante aux yeux de Jean-Yves Lamant, président national de la Ligue contre la Violence Routière.

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La réaction des associations d’usagers face à cette proposition #

Face à ce projet de loi, l’association « 40 Millions d’Automobilistes » a décidé de lancer une pétition. Pour Pierre Chasseray, délégué général de cette association, le permis de conduire reste un diplôme acquis qui ne devrait être remis en cause qu’en cas d’infractions répétées au Code de la route. De plus, il précise que « l’instauration de contrôles médicaux dans certains pays n’a pas entraîné une amélioration significative de la sécurité routière ».

Des alternatives pour les personnes exclues de la conduite automobile

Dans sa démarche, Karima Delli souligne également la nécessité de développer des alternatives au transport automobile pour les personnes qui pourraient se voir refuser le renouvellement de leur permis, par exemple à travers des services à la demande ou du covoiturage.

De quel côté pencheront les décideurs politiques sur le permis ? #

Il appartient désormais aux instances européennes et nationales d’examiner attentivement la pertinence de cette proposition visant à instaurer un contrôle médical tous les quinze ans pour maintenir la validité des permis de conduire. Si la diminution du nombre de victimes sur les routes reste un objectif largement partagé. La question centrale demeure celle des moyens à mettre en œuvre pour y parvenir.

Adapter les infrastructures et le maillage territorial des transports publics

Le développement d’alternatives à la voiture particulière, en particulier dans les zones moins bien desservies par les transports publics ou où la pratique du vélo est difficile, pourrait constituer un levier efficace pour réduire l’exposition au risque routier. Mais cette démarche nécessite des investissements importants et une volonté politique affirmée.

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En définitive, le débat autour de la pertinence d’un examen médical régulier pour maintenir la validité des permis de conduire reflète à la fois les préoccupations légitimes en matière de sécurité routière, mais également la difficulté de trouver un consensus sur les mesures à adopter pour répondre à cet enjeu majeur.

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