Loi sur la fin de vie : est-ce que l’inquiétude grandissante des professionnels de soins palliatifs est justifiée ?

La Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (Sfap) révèle une enquête qui expose la méfiance et l'inquiétude des professionnels de soins palliatifs face à la présentation d'une nouvelle loi sur la fin de vie.

Ils sont inquiets : des professionnels de soins palliatifs face à une nouvelle loi #

Surprenamment, 83 % des infirmiers, bénévoles et médecins interrogés expriment leur appréhension face à ce texte qui pourrait permettre une assistance au suicide strictement encadrée. Les contours de ce dernier n’étant pas encore définis, cette nouvelle loi soulève de nombreuses questions et une insatisfaction générale de 63 % des répondants.

Cette inquiétude concerne particulièrement les médecins en soins palliatifs. La majorité d’entre eux (plus de 80 %) affirme qu’ils refuseraient d’administrer un produit létal, une action qui pourrait être permise par la nouvelle loi. Une clause de conscience est prévue, et plus de la moitié des répondants envisageraient de l’invoquer si la loi était appliquée.

Des conséquences potentiellement déstabilisantes pour les professionnels #

La mise en œuvre de cette loi pourrait avoir des conséquences majeures sur le plan professionnel. En effet, 57 % des adhérents à la Sfap craignent une division ou une tension au sein de leurs équipes. Plus inquiétant encore, 36 % des adhérents à la Sfap et 30 % des non-adhérents pensent qu’il pourrait y avoir des démissions au sein de l’équipe. Un médecin sur cinq envisage même de quitter son poste actuel si le texte est adopté en l’état.

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Giovanna Marsico, présidente du Centre national sur la fin de vie, rappelle cependant que les contours exacts du projet de loi n’ont pas encore été dévoilés. Elle souligne que les réponses à l’enquête reflètent davantage des ressentis que des faits. Cependant, il est clair que si la loi est adoptée, un accompagnement du personnel sera nécessaire pour assurer la mise en place de la nouvelle législation.

Des obligations qui pourraient devenir problématiques #

L’enquête a également révélé que certains actes médicaux ou administratifs, qui sont actuellement obligatoires pour les soignants, pourraient devenir problématiques. Par exemple, 44 % des adhérents à la Sfap sont en désaccord avec le fait de constater un décès par suicide assisté, et 49 % sont en désaccord avec le fait de constituer le dossier médical. Ces statistiques témoignent de l’importance du débat sur cette question et du déchirement potentiel des soignants face à cette situation.

Face à cette situation, la nécessité d’un accompagnement des professionnels de soins palliatifs est claire. Si la loi est adoptée, il faudra assurer un suivi à travers de la formation, de la sensibilisation, et la création d’espaces pour recueillir les avis et les réactions.

Les plans du gouvernement pour les soins palliatifs #

En dépit de ces inquiétudes, le gouvernement a des plans pour améliorer les soins palliatifs. La ministre de la santé, Catherine Vautrin, a récemment dévoilé la stratégie décennale du gouvernement en la matière. Selon cette stratégie :

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  • Le budget annuel alloué aux soins palliatifs augmentera de plus d’un milliard d’euros sur la prochaine décennie.
  • 220 places supplémentaires seront créées dans les unités de soins palliatifs (USP) d’ici à 2025.
  • Une « réserve opérationnelle de l’accompagnement de la fin de vie » sera créée, dans le but de doubler le nombre de bénévoles, qui est actuellement de 6 000.

Malgré ces promesses, il est clair que la nouvelle loi sur la fin de vie suscite de nombreuses inquiétudes parmi les professionnels de soins palliatifs. Le débat sur cette question est loin d’être terminé.

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