L’Arabie saoudite et la France : la complexité de la culture et du pouvoir dans la ville désertique d’Al-Ula

Reem, une résidente de presque 30 ans d'Al-Ula, une ville située dans le nord-ouest de l'Arabie saoudite, rêve d'un jour où elle n'aura plus besoin de porter le voile ou l'abaya.

La vie à Al-Ula #

Sa vie est rythmée par les traditions et les coutumes locales, mais elle trouve du répit dans l’apprentissage du français et la découverte de la cuisine mondiale au Pink Camel, un restaurant local. Des événements culturels, comme un spectacle de l’Opéra de Paris, apportent un souffle de changement dans sa vie.

Al-Ula, nichée au cœur d’un désert de sable et de roches monumentales, est en pleine transformation grâce à un partenariat franco-saoudien. Ce partenariat vise à transformer la ville et sa région en destinations touristiques, en mettant à profit l’expertise culturelle française.

Le rôle de la France à Al-Ula #

La France joue un rôle majeur dans cette transformation. Les acteurs français des secteurs public et privé sont impliqués dans divers domaines, allant de la création d’un musée de stature mondiale au développement de la gastronomie locale. Cette forme de « soft power » est une démonstration du prestige international de la France et de sa capacité à influencer par d’autres moyens que la force.

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L’Arabie saoudite finance entièrement ce partenariat, ce qui représente une opportunité économique significative pour les entreprises françaises. C’est également une validation du statut de la France en tant que puissance culturelle mondiale, renforçant ainsi la crédibilité culturelle de l’Arabie saoudite.

Compétition culturelle #

  • L’ouverture du Louvre Abu Dhabi a suscité la jalousie de l’Arabie saoudite, qui a voulu imiter le succès de cet émirat voisin en adoptant la « culture française ».
  • Ce désir de compétition a conduit le prince héritier saoudien, Mohammed Ben Salmane, à exprimer son rêve de créer un « grand musée » à Al-Ula lors d’une conversation avec Emmanuel Macron.
  • Le rythme rapide du prince héritier a conduit à la formalisation rapide du partenariat, avec un traité rédigé en six mois.

Les enjeux des droits de l’homme #

Malgré la nature autoritaire du régime saoudien, cela n’a jamais été considéré comme un obstacle à ce partenariat. Les pragmatiques soutiennent que si on ne construisait des musées que dans les démocraties, on ne travaillerait qu’avec quelques pays. Même l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi n’a pas fait varier cette position.

La France et l’Arabie saoudite ont entamé un « dialogue créatif » il y a six ans. À ce jour, 2,1 milliards d’euros de contrats ont été signés, y compris un marché de 500 millions d’euros remporté par Alstom pour la construction d’un tramway entre la ville d’Al-Ula et les sites archéologiques.

Les défis du partenariat #

Bien que le partenariat ait eu des réalisations significatives, certains observateurs estiment que la France n’a pas réussi à jouer un rôle de premier plan. Par exemple, le Centre Pompidou ne joue qu’un rôle de soutien dans le futur musée d’art contemporain, loin du rôle « majeur » promis à la France.

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La concurrence anglo-saxonne, les préférences personnelles du président de la Commission royale pour Al-Ula et le manque de défense du drapeau français sont parmi les défis que la France doit relever. Malgré ces défis, la France reste déterminée à faire avancer ce partenariat.

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