Retour des trésors africains: l’énigme « herculéenne » de la transparence devant les musées français

Plusieurs musées français ont entrepris une tâche herculéenne, celle de retracer l'origine de dizaines de milliers d'objets africains dans leurs collections publiques.

L’inventaire colossal des biens africains #

Cet exercice est entrepris dans le but de déterminer les œuvres qui pourraient avoir été pillées pendant la période coloniale, ouvrant ainsi la voie à leur restitution future.

Cette entreprise, excitante et gigantesque, met à l’épreuve la vision traditionnelle des collections et leur gestion. Elle implique un travail d’investigation minutieux, exigeant de recouper les indices et de retracer les sources qui peuvent être disséminées, parfois à l’étranger, voire inexistantes.

Les défis de la transparence #

La grande difficulté réside dans le manque relatif de sources. Par exemple, le musée de l’Armée, qui a commencé ce recensement en 2012, n’a pu à ce jour « étudier » la provenance que d’environ un quart de ses 2.248 références africaines. Cela montre la complexité de la tâche, malgré le recrutement d’un responsable dédié à cette mission.

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En l’absence de conclusions définitives, ces musées doivent souvent se contenter de formuler des hypothèses raisonnables sur la provenance des objets. Ils attendent la poursuite des recherches pour mieux comprendre les conditions d’acquisition problématiques.

Un impératif éthique #

Au-delà de la recherche de la provenance des objets, ces musées se heurtent à la nécessité d’une transparence accrue. En effet, la société a des attentes changeantes vis-à-vis des musées, demandant une plus grande transparence pour mieux contextualiser les œuvres.

En France, comme ailleurs en Europe, cette recherche de provenance entre lentement dans les mœurs. Néanmoins, des institutions comme l’université Paris-Nanterre et l’école du Louvre ont commencé à proposer des formations dédiées à cette discipline.

Dans cette quête de transparence, voici quelques exemples marquants d’objets dont la provenance est contestée:

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  • Les 26 trésors royaux d’Abomey, restitués au Bénin en 2021
  • Les objets personnels de l’émir Abdelkader, héros algérien de la résistance à la colonisation, dont Alger réclame la restitution à la France
  • Une collection africaine de la Monnaie de Paris, comprenant une cinquantaine d’objets monétaires et quelque 2.000 poids servant à peser la poudre d’or

Chacun attend désormais de connaître le contenu du projet de loi-cadre sur les restitutions, qui doit définir les critères permettant le retour d’œuvres en Afrique. Même si le caractère illégal de l’acquisition pourrait en faire partie, il sera très difficile à prouver.

En l’absence d’archives, nombreux seront les objets pour lesquels la vérité ne pourra jamais être révélée, rendant ainsi impossibles les « restitutions formelles ». Cependant, la circulation de ces œuvres en Afrique doit rester possible grâce à des prêts ou des dépôts à long terme.

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