Une fête de l’Aïd empreinte de tristesse #
Malgré leurs efforts pour se préparer avec soin, la joie n’habitait pas leurs coeurs. L’absence de nombreux proches, perdus lors du naufrage, pesait lourdement sur l’ambiance.
Fin mars, 75 Rohingyas, membres d’une minorité musulmane persécutée en Birmanie, ont été sauvés d’une mort certaine. Partis du Bangladesh, où ils vivaient dans des conditions déplorables, ils se sont retrouvés accrochés à la coque renversée de leur navire.
Les tragédies du voyage #
L’agence des Nations unies pour les réfugiés (HCR) avait indiqué, basée sur le témoignage de plusieurs survivants, qu’il était probable que des dizaines d’autres réfugiés aient péri. Trois jours après le naufrage, 11 corps ont été retrouvés en mer. Les survivants ont dû être déplacés plusieurs fois face à l’hostilité des habitants locaux.
Chaque année, des milliers de Rohingyas risquent leur vie pour fuir les camps surpeuplés du Bangladesh. Ils cherchent refuge en Malaisie ou en Indonésie, embarquant pour des voyages longs et dangereux à bord de navires de fortune.
La survie et l’espoir #
Malgré la douleur et la perte, certains survivants trouvent encore des raisons de remercier. « Si Dieu l’avait voulu, je serais peut-être mort en mer. Mais j’ai un bon destin, donc je suis en vie », témoigne un homme. D’autres prient pour pouvoir poursuivre leur voyage vers un autre pays, car l’Indonésie ne leur accorde pas de droit de séjour permanent.
« Le peuple indonésien nous a beaucoup aidé, avec de la nourriture et des vêtements. Les gens nous montrent leur humanité », reconnaît Zlabul Hoque, 33 ans. Cependant, il se demande où ils seront emmenés après l’Aïd et espère pouvoir aller en Malaisie.
En dépit des défis, les Rohingyas rescapés continuent d’avoir des aspirations et des espoirs :
- Souhaiter un meilleur avenir pour leurs enfants
- Continuer à pratiquer leur foi malgré les obstacles
- Rêver d’un lieu sûr et accueillant pour refaire leur vie.
Un appel à la solidarité #
Les agences humanitaires ont appelé Jakarta à accueillir davantage de Rohingyas. Cependant, l’Indonésie, qui n’est pas signataire de la convention des Nations Unies sur les réfugiés, a appelé les pays voisins à partager la responsabilité de leur accueil.
En conclusion de la prière, les hommes se sont levés et ont séché leurs larmes. Le prédicateur a lui aussi versé des larmes. Ils se sont alors embrassés, criant leur chagrin en souvenir de leurs proches disparus. Les femmes, quant à elles, ont regagné leurs tentes, se soutenant mutuellement dans leur douleur.