Un dérapage budgétaire imprévu #
Le ministère de l’Économie a récemment révisé à la hausse ses prévisions de déficit public pour l’année en cours, passant de 4,4% du PIB à un inquiétant 5,1%. Cette augmentation de 0,7 point représente la somme astronomique de 10 milliards d’euros que le gouvernement doit désormais trouver dans son budget.
L’ampleur de cette tâche est exacerbée par le fait que Bercy avait déjà annoncé en février dernier un plan d’économies de 10 milliards d’euros sur le budget de l’Etat. Le défi pour le ministère est donc de dénicher 10 milliards supplémentaires sans affecter l’activité économique ni la vie quotidienne des citoyens.
Les pistes envisagées par le gouvernement #
Face à ce défi, le ministère de l’Économie a dessiné trois grandes directions pour atteindre cet objectif. En premier lieu, un effort de 5 milliards d’euros sera demandé aux services administratifs de l’État. Cela pourrait inclure la vente de biens immobiliers, une reforme du Compte personnel de formation et une contribution accrue des opérateurs de l’État.
La deuxième piste envisagée concerne les collectivités locales. Le gouvernement souhaite que l’augmentation de leurs dépenses de fonctionnement reste 0,5 point en dessous de l’inflation, ce qui devrait permettre d’économiser 2,5 milliards d’euros. La troisième et dernière piste consisterait à taxer les rentes, en ciblant notamment les superprofits des énergéticiens et les entreprises qui rachètent leurs propres actions.
Les conséquences potentielles pour la France #
Dans ce contexte, la France s’expose à une possible dégradation de sa note souveraine par les agences de notation. Une telle dégradation pourrait rendre plus coûteux le remboursement de la dette publique, qui est déjà préoccupante. En effet, la dette publique française devrait représenter 112% du PIB en 2027, contre 112,3% cette année, mais sa charge devrait s’envoler, passant à 72,3 milliards d’euros en 2027 contre 46,3 milliards cette année.
Les plans d’économies envisagés par le gouvernement sont donc cruciaux pour maintenir la confiance des investisseurs dans la dette française et assurer la stabilité financière du pays à long terme. Le programme de Stabilité sera présenté en conseil des ministres le 17 avril et discuté au Parlement avant d’être transmis à Bruxelles.
Voici la décomposition des trois grandes directions évoquées plus haut pour trouver ces 10 milliards d’euros supplémentaires :
- Demander un effort de 5 milliards d’euros aux services administratifs de l’État
- Faire en sorte que l’augmentation des dépenses de fonctionnement des collectivités locales reste 0,5 point en dessous de l’inflation
- Taxer les rentes, notamment les superprofits des énergéticiens et les entreprises qui rachètent leurs propres actions